mercredi 5 octobre 2011

Un dimanche à la campagne

Les années de notre enfance  ont baigné dans la religion catholique omniprésente et indiscutée.
Aussi, aller à la messe le dimanche était un rituel sacré .On y allait chaque Dimanche… seule la maladie pouvait être une excuse acceptable.
Ce jour-là, à la ferme, on n’effectuait que le minimum indispensable des travaux, à savoir nourrir les animaux, nettoyer l’étable, traire les vaches et les chèvres. En faire plus aurait-été un acte grave de désobéissance à  Dieu (à l’église ou à la  tradition)
Mais peu a peu, pendant la période des foins, quand la semaine précédant le dimanche avait été particulièrement pluvieuse, le prêtre du haut de sa chaire autorisait officiellement   à récolter le foin. Par contre on ne pouvait pas faucher, cela aurait été contraire à l’esprit de l’autorisation donnée par le curé.
L'église du Béage et la cure
Aller a la messe , pour nous enfants, cela consistait à rester une heure environ bien sage ( et on l’était à cette époque, je vous assure ) à écouter une liturgie qu’on ne comprenait pas (sachant qu’on a connu la fin de l'époque de la  messe en latin). Il me reste encore quelques formules sacrées et mystérieuses en mémoire.
A la sortie de la messe,  c’était un grand moment de convivialité villageoise.
Trois groupes se formaient …
Les hommes qui se retrouvaient par petits groupes  selon le hasard de leur sortie de l’église et ils allaient au café pour  "boire le canon" . Le groupe pouvait aller de 3 à 8 personnes environ et chacun payait sa tournée, chaque tournée dans un café différent, histoire de faire vivre tout le monde … et les cafés ne manquaient pas. La boisson incontournable était le vin rouge que les plus raisonnables coupaient avec de la limonade, mais les raisonnables étaient plutôt  rares. Donc, vous comprendrez qu’après la messe, à l’issue de cette virée des bistros du village, un paysan pouvait avoir « quelques canons »  à son actif sans être saoul pour autant.
Les femmes aussi se retrouvaient en petits groupes pour boire le café  mais la on laissait moins  faire le hasard. Le copinage est une valeur plus essentielle dans le monde féminin. Donc ma mère prenait son café avec toujours plus ou moins les même copines et le devoir voulait qu’elles boivent un seul café par dimanche.A tour de rôle, chacune  offrait  le café , il fallait simplement se souvenir d’un dimanche à l’autre qui avait payé sa tournée. Pour accompagner ce café, elles achetaient un paquet de gâteaux à  l’épicerie.
Alors me direz-vous pourquoi les femmes prenaient un seul café ? C’est surtout qu’elles avaient les courses à faire pour la semaine.Cela consistait acheter  quelques fruits et légumes et quelques articles d’épicerie. Les courses de la semaine, cela représentait 2 cabas environ … on était loin de la variété et de l’abondance actuelle.Ma mère apportait les courses à la voiture et attendait le retour de mon père.Il est clair que si la gendarmerie faisaient un contrôle d’alcoolémie  après la tournée des cafés, tout le monde serait rentré à pied à la maison !
Pour nous les enfants, nous accompagnions notre mère  ou des que nous avions un certain âge je dirai 10 /11 ans , on avait le droit d’arpenter avec nos copines les rues du village et nos  parents  nous donnaient la pièce pour aller acheter  quelques douceurs : un mars , un caramba , une barre de chocolat malakoff (*), une mini barquette de Nutella ... chez la Gusta de Prosper ( je suppose qu’il y avait d’autres Gusta qui n’appartenaient pas à Prosper )

Quand mon père revenait de sa tournée des bistros, on rentrait à la maison et  notre priorité étaient de quitter les habits du Dimanche pour ne pas les salir en vue du dimanche prochain.


(*) comme je n’étais plus sûre du nom car je ne vois plus ces chocolats à la vente de nos jours, j’ai vérifié  sur  Wikipedia qui les connait aussi : Chocolat Malakoff : barre chocolatée au praliné noisette inventée par un chocolatier  stéphanois  le 8 septembre 1855, en souvenir de la Bataille de Malakoff. Ils étaient délicieux aussi on ne peut pas les oublier

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