lundi 28 novembre 2011

L' hiver ... une vie au ralenti


Sortir le fumier avec les bœufs et le traineau
En hiver, l’activité agricole était au ralenti. Elle  consistait essentiellement à  distribuer le fourrage au troupeau, à sortir le fumier de l’étable et à traire les vaches. C’était aussi la période des  vêlages,  qui étaient toujours une étape critique. Le gonflement du pis de la vache, ses trépignements à l’étable étaient les signes avant- coureur d’une mise-bas et cela pouvait signifier une nuit blanche pour le paysan.
En plus des « tuades », moment festif qui joignait l’utile à l’agréable,  les paysans avaient  l’habitude de faire des  veillées. Durant ses veillées, on jouait à la belote tout en blaguant. . Des qu’on a été en âge de comprendre les règles de ce jeu,  on était enchanté de jouer avec les grands.

La belote est un jeu de cartes qui se pratique à quatre avec un jeu de 32 cartes. Les quatre joueurs sont répartis en deux équipes de deux joueurs. Je dirai que la belote est avant tout un jeu de chance mais la stratégie a aussi un rôle.  Pour bien jouer, il est important de mémoriser les cartes qui ont été jouées par vos adversaires et votre partenaire afin d’essayer de deviner les cartes des autres joueurs.
A la fin de la veillée, on partageait une collation composée de charcuterie et de fromages.


Un jeune veau qui tête sa mère

vendredi 18 novembre 2011

La "tuade"


La cabane où on préparait les repas des cochons
Dans chaque ferme on élevait un ou deux cochons  qui mangeaient   des choux, des patates, des carottes des betteraves et les restes de la  famille. C’est en hiver qu’on tuait ces cochons et le jour de leur assassinat s’appelait « La Tuade ». Il s’agissait en fait d’une  journée festive passée avec les voisins.

Tôt le matin, les invités  arrivaient à la maison pour l’évènement.Tuer le cochon était une affaire d’hommes avant tout, trois à quatre hommes pour tenir le cochon, un pour lui trancher une veine du cou et à la rigueur  une femme  pour tenir la bassine utilisée pour récupérer le sang. Nous les enfants, nous n’aimions pas entendre les cris de désespoir de la bête et nous trouvions cela cruel.
On tue le cochon (*)
Une fois l’agonie terminée, le porc était ébouillanté  pour être lavé et sa peau était raclée au couteau pour enlever les poils ( bref un rasage complet en quelque sorte).  Ensuite venait  l'éventrage du cochon pour enlever toutes les viscères sans, évidemment, les endommager. Une fois les boyaux récupérés, les femmes avaient la tâche de  les laver. Parfois, on sollicitait les enfants pour vider de l’eau dans les boyaux. Certains boyaux étaient alors  utilisés pour faire du boudin avec le sang.
Une grande partie de la  viande était hachée avec de la graisse  pour faire de la saucisse et du saucisson. La différence entre la saucisse  et le saucisson résidait dans la taille des boyaux , boyaux plus fins pour les saucisses  . Si les saucisses étaient consommés fraiches ou en conserve, les saucissons étaient conservés à la cave pour le séchage et on en consommait toute l'année. Une autre partie de la viande hachée à  laquelle on ajoutait le foie servait à faire le paté.
On fait les saucissons (*)
Les pattes  du cochon, vidées des os et de la viande étaient farcies aussi avec de la viande hachée  et on fermait chaque patte aux extrémités en les cousant avec du cordon. On obtenait un jambon qu’on   laissait sécher et qu’on magerait   dans l’année, cuit dans de l’eau, pour quelques grandes occasions. Par exemple  pour fêter la fin des travaux de fenaison, on mangeait justement un de ces jambons.
Le jambon "cousu" (*)
 
Cette journée de "tuade" était l’occasion de faire un bon repas avec les voisins et souvent elle  se terminait au tour d’un souper suivi de partie de belotes

Le lendemain de la « tuade », à l’époque ou le congélateur n’existait  pas, on faisait des bocaux de conserves, soit de pâté,  soit de saucisses, soit de "fromage de tête" ( le fromage de tête est fabriqué avec la tête, les pieds du cochon, la queue … Selon l’expression bien connue , « tout est bon dans le cochon »).
Pour nous les enfants,  ce jour-là ou le lendemain, nous avions une mission de haute importance. Ma mère préparait pour chaque voisin qui avait participé à la tuade une assiette de victuailles ou elle mettait dans chaque assiette, un peu de filet de porc, un peu de boudin, un peu de graisse et un peu de saucisse.Nous portions alors ce plat chez les voisins qui nous offraient un  sirop et des biscuits.
 
A part le vendredi , il n'existait pas un jour ou le paysan ne mangeait pas un peu de porc, notamment par le biais du saucisson ou du lard.
(*) source web

lundi 14 novembre 2011

La burle

Avec l’arrivée des premiers flocons, la vie à  la ferme basculait en «  mode hiver ».La neige alliée à la burle, un vent du Nord qui souffle en hiver sur le plateau ardéchois  rendait  les déplacements difficiles, voir dangereux.

La burle, elle était notre ennemi public numéro un. Elle créait une atmosphère glaciale , lugubre. On connaissait son souffle dans la campagne, elle piquait le visage, elle modifiait le paysage en sculptant la neige, en créant des dunes de neige qu’on appelait congères et qui rendaient les routes impraticables.
La burle s'est tue ... On ouvre la porte de l'étable

Le voyageur  pouvait se perdre dans cette burle … il ne  fallait surtout pas se laissait prendre dans la burle la nuit car le paysage le plus familier pouvait  perdre tous ses repères … On pouvait être obligé d’abandonner sa voiture dans cette burle et continuer  à pied…
Quand la route était  bouchée, mon père prenait alors  son sac tyrolien  et se  rendait  à pied au village ou en ski de fond pour  faire les courses.
Mon père, de retour du village  ... avec son sac tyrolien

Régulièrement, les ponts et chaussées ouvraient les routes à l’aide de la fraiseuse  dont sa mission est d’avaler la neige de la route  pour la recracher ensuite loin sur les bas-côtés. Le travail de la fraiseuse était complété par celui du chasse-neige. La fraiseuse constituait ainsi des tranchées de part et d’autres de la route que la burle s’empressait de remplir dès qu’elle entrait en action.Pour faciliter le travail du chasse-neige et de la fraiseuse, on plantait avant l'hiver sur les talus des routes des bâtons , qui servaient  également de repère aux automobilistes, en particulier en cas de tempête de neige.
 
La fraiseuse ouvre la route

La route est ouverte

et pour terminer, unne immersion dans la burle à travers cette vidéo  trouvée sur le Web Au coeur de la burle